Région qui se partage entre le Mali, la Guinée et la Côte d’ivoire, le Wassulu (ou Wassoulou ou Ouassoulou) est riche de ressources naturelles mais aussi d’histoire et de culture. Il a même existé un empire Wassoulou de 1878 à 1898, créé par Samory Touré mais qui a pris fin avec la colonisation française.
Essentiellement peuplé de Peuls et de Bambaras, le Wassulu est une terre de musique. De grandes chanteuses ont popularisé le « style » Wassulu à travers le monde : Oumou Sangaré, Ramata Diakité et Coumba Sidibé sont parmi les plus célèbres. Ce ne sont pas des griottes qui chantent des louanges, mais des femmes qui, grâce à la chanson, abordent les grands problèmes de société et les portent sur la place publique.
Aux côtés du djembé et du Bolon, des instruments spécifiques du Wassulu viennent accompagner les mélodies : le Soukou (violon à une corde), le Kamale n’goni (sorte de harpe a 6 cordes, qui donne un groove typique) et le karignan (tube de metal cylindrique, orné de stries, que l’on frotte avec une tige en métal).
Yanfolila est un centre important pour la confrérie des Chasseurs, les Donsow (Donso au singulier). Un musée de la Chasse vient même d’y être inauguré.
Les chasseurs ne sont pas seulement les connaisseurs de la brousse. Ils sont les intermédiaires entre les hommes et les forces de la nature dont ils comprennent même les secrets invisibles. Organisés en confréries, ils se mettent au service de la société, la protège contre toute forme de mal, et maintiennent l’ordre social. Leur puissance spirituelle est telle que les plus grands chasseurs sont considérés comme des mages ou des soufis.
Leurs traditions sont sans doute à l'origine d'autres traditions, apparues postérieurement dans d'autres régions ou d'autres pays. C'est ainsi que les gnaouas du Maroc (confrérie issus de descendants d'esclaves, importés d'Afrique Noire vers le Maghreb, qui utilisent un rituel thérapeutique de transe) revendiquent une filiation avec la confrérie des chasseurs.
Instrument créé dans les années 50 par de jeunes musiciens, Alata Bourleil et Yoro Diallo, le Kamele n’goni est une version modernisée du Dozo n’goni, l’instrument traditionnel de la confrérie des chasseurs.
En rajoutant des cordes au n’goni classique, on augmentait les possibilités mélodiques et surtout rythmiques. Le Kamele n’goni (« harpe des jeunes » en Bambara) est fait pour danser, faire la fête… même sur des chansons aux textes graves, il apporte une dimension festive, un groove irrésistible.
C’est l’instrument phare du Wassulu, qui donne un son typique, et contribue au succès international de cette musique.